Cercle Généalogique et Historique d'Aubière

 

VICTOR PACHON

Physiologiste et Inventeur de l'oscillomètre
(1867 - 1938)

DÉCOUVERTE AU CIMETIÈRE D'AUBIÈRE…
Sur les pierres des cimetières est gravée la mémoire que les hommes effacent soit par négligence, soit par un mutisme volontaire aux causes très diverses. Le grand mouvement iconoclaste qui traverse les communes de France en ce changement de millénaire a l'haleine fétide de la Bête de l'Apocalypse. " Cette concession est réputée abandonnée ", et vlan ! déloge de là, toi qui n'est plus que cendres, cède ta place, ton nom sera buriné ! (offense suprême dans l'ancienne Égypte). La crise du logement sévit partout, mais une certaine facilité dans les moyens frise l'indécence.
Le cimetière d'Aubière n'échappe pas à la règle commune. Le spectacle lamentable des stèles mutilées rassemblées dans un jardin en contrebas, nous fait frémir, sachant que ce n'est là que leur purgatoire… avant l'Enfer où elles seront émiettées pour servir de soutient à des chemins de caves en péril ou d'encadrement cyclopéen à quelque fontaine mythique. Quel triste tableau ! Mais selon l'expression à la mode, il faut savoir " positiver ". Maintenant que nous savons que la pierre est plus fragile que le papier (celui-ci conserve encore les noms des habitants d'Aubière au 14ème siècle), notre regard devient sensible aux curiosités de ce lieu de repos (théoriquement) éternel.
Si ces prolégomènes peuvent agacer certains, ils auront l'avantage de mettre l'eau à la bouche de bien d'autres. L'événement s'est produit par une belle après-midi d'hiver. La chapelle qui abrite les restes vénérés de mes bisaïeux où l'on découvre dans la pénombre un petit autel de marbre blanc surmonté de couronnes en perles de verre avec des inscriptions : à mon père, à ma mère, à notre grand-mère… toute une époque. Aujourd'hui, pour des travaux d'entretien, me voilà à l'intérieur de la chapelle, le regard vers la lumière, et dans cette lumière, les tombes et les chapelles vis-à-vis ; en arrière-plan, dans une allée controlatérale émerge le sommet d'une grande chapelle, et malgré le faible champ dans lequel elle apparaît et son aspect de biais, je peux lire : Noëllet.
Voilà un nom qui transporte d'allégresse un généalogiste aubiérois. Nous connaissons la souche des Noëllet depuis le 16ème siècle. Le nom s'est maintenu fragilement (deux générations n'ont eu parmi leurs enfants que deux garçons, mais un seul père de famille, l'autre étant prêtre). Dans la seconde partie du 17ème siècle, c'est l'éclatement par une descendance mâle nombreuse, et sans cesse renouvelée au 18ème siècle (c'est une période économiquement faste pour les familles paysannes aisées qui a permis une survie remarquable de la descendance). Il y a eu les Noëllet la Courtière, les Noëllet Baraille, les Noëllet Grand'maison, les Noëllet Dimanche… Le nom Noëllet est gravé dans toutes les allées du vieux cimetière, et à Aubière nous sommes TOUS descendants des Noëllet.

 

Chapelle Andraud-Noëllet


Mon petit travail terminé, je fais le tour des allées pour me rendre au pied de cette grande chapelle taillée dans une belle andésite, sculptée de décors de qualité. Mais de quels Noëllet s'agit-il ? Au fronton est écrit : Famille ANDRAUD-NOELLET. En appliquant mon visage entre les grilles, je peux lire des caractères dorés sur fond noir poli : Victor PACHON, docteur en médecine, inventeur de l'oscillomètre. Un inventeur à Aubière… bigre, et ce mystérieux instrument, l'oscillomètre : à quoi cela peut-il ressembler, quel en est l'usage ? Mais c'est l'hiver, le jour tombe rapidement, le froid se fait vif, il faut rentrer, et ne rien oublier de la découverte : Pachon, oscillomètre, Pachon, oscillomètre… Dans le dédale des allées je rencontre un ami aubiérois de souche, qui n'a jamais quitté le pays : " Pachon, oscillomètre… jamais entendu parler ". Arrivé à la maison, je me précipite sur le Larousse en 14 volumes : oscillomètre, instrument servant à mesurer les oscillations des artères (l'oscillomètre de Pachon est le plus utilisé). Et si Pachon était dans le dictionnaire… Il suffit de tourner quelques pages : pachon (du nom du physiologiste français Michel-Victor Pachon, 1867-1938) oscillomètre servant à mesurer les oscillations des artères au niveau des membres. Je sors fébrilement ma collection de physiologie en 4 volumes… et je retrouve l'oscillomètre de Pachon expliqué de A à Z, comme si vous y étiez !
Après la stupeur, frisson : comment en 60 ans les Aubiérois ont-ils pu effacer de leur mémoire un inventeur de génie qui semble familier au grand Larousse ? Pour l'instant, mystère au pays vigneron… s'il avait inventé la machine à vendanger, peut-être que…
Je livre ma découverte au Cercle généalogique d'Aubière : tout s'enchaîne rapidement. Michèle Sudre arrive à la réunion suivante avec une fiche donnant quelques éléments sur l'état civil du docteur Pachon et une information intéressante : il y a un lien entre M. Léon Randanne et le docteur Pachon.
M. Léon Randanne (aujourd'hui décédé) était cousin avec ma belle-mère et avec Mlle Sahut, fille du docteur Raphaël Sahut, médecin estimé des Aubiérois. C'est par cette source que nous apprenons que M. Randanne était le gendre du docteur Pachon. Mon épouse Annie téléphone à Mme Randanne. C'est une de ses filles, Mme Janine Lacroix qui répond. Une correspondance s'établit alors, et Mme Lacroix nous donne d'intéressantes informations sur sa famille, son grand-père et son invention. Le logiciel Généatique entre également en action
(voir Arborescence Pachon-Randanne-Sahut).
La généalogie rejoint la science et l'histoire. A travers un grand cousinage, honorons la mémoire d'un éminent chercheur et découvreur sur lequel la mémoire locale s'était quelque peu assoupie…

L'invention du docteur PACHON
Né le 26 mai 1867 à Clermont-Ferrand, Victor Pachon deviendra, aux termes de ses études, agrégé de physiologie à la faculté de médecine de Bordeaux à partir de 1895. A 35 ans, le 24 novembre 1902, il épouse à Aubière, Marie Andraud, domiciliée rue Desaix.
Deux ans plus tard, en 1904, il est nommé Maître assistant à la faculté de médecine de Paris, dans le service des Professeurs Charles Richet et Emile Gley. Dans son laboratoire parisien, il explore le pouls sur de petits animaux, et étudie l'oscillométrie, étude des valeurs minimum et maximum entre lesquelles évolue régulièrement la pression artérielle. Vers 1910, il met au point l'oscillomètre permettant de mesurer ces oscillations. Son invention apportera beaucoup à la médecine. Elle sauva de nombreuses vies durant la Grande Guerre, et aujourd'hui encore, l'oscillomètre Pachon permet des diagnostiques salvateurs, comme nous l'ont expliqué plusieurs médecins aubièrois qui utilisent cet appareil.
De 1911 à sa retraite, Victor Pachon exercera les fonctions de professeur de physiologie à la faculté de médecine de Bordeaux.

L'oscillomètre de Victor Pachon

 

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© 2001 Cercle Généalogique et Historique d'Aubière, Georges Fraisse, Extraits de "Racines Aubièroises" n°47, 2000