Jean BAYLE
et Philomène GUIÈZE
à
Aubière,
le 22 avril 1947,
lors du mariage
de Jean-Baptiste BAYLE
et de Paulette BRUGIÈRE
(Collection Paulette Brugière)
PONTEIX
EN SASKATCHEWAN (Canada)
Dès
1890, le gouvernement canadien cherche à peupler la province de la
Saskatchewan, en plein cur du Canada. L'abbé Royer l'apprend
dans un article de l'abbé Gaire. Rêvant de fonder une paroisse
dédiée à la Vierge Marie, il convainc quelques-uns de
ses paroissiens auvergnats à le suivre dans l'aventure.
C'est ainsi que naît la paroisse Notre-Dame d'Auvergne (1908), qui deviendra
Ponteix (1914), dans le sud-ouest de la Saskatchewan.
L'abbé Albert-Marie ROYER est né à Combronde (Puy-de-Dôme,
63) en 1860. Il est ordonné prêtre et exerce son premier ministère
à Aubière (63) comme vicaire de l'abbé Teytard,
entre 1885 et 1890.
Nommé curé de Ponteix, petit village dans la commune d'Aydat
(63), l'abbé Royer va arpenter les paysages qui s'offrent à
lui aux pieds des Monts Dôme. Il les fixera par la photographie, art
nouveau qu'il affectionne tout particulièrement. Il met aussi à
profit ces ballades pour mettre en scène ses héros des "
Drames de la Monne ", qu'il publie d'abord sous forme de
feuilleton. Ses paroissiens lisent assidûment ces aventures qui paraissent
dans le journal catholique " La Croix d'Auvergne " sous la signature
de Jehan L'HERMITE. Et, au cours de ses visites dans les villages et hameaux
de son secteur, il se plaît à bavarder avec ses lecteurs. Il
les questionne, provoque leurs réactions, écoute leurs critiques
et leurs attentes. De retour dans sa cure, il oriente le déroulement
de l'action de ses héros, faisant monter la pression ou bien glissant
insidieusement vers un dénouement heureux et conforme à la bonne
morale de cette fin de 19ème siècle. Déjà, le
lecteur participe, sans le savoir, aux rebondissements aventureux de la vie
de ses héros. Ce roman paraîtra en 1899 sous les presses de l'Imprimerie
Moderne de Clermont-Ferrand. (1)
Passé le siècle, l'envie de fonder une paroisse en l'honneur
de la Vierge Marie taraude l'abbé Royer. Il va d'abord prospecter en
Algérie. La vision d'horizons nouveaux l'attire au point que l'article
de l'abbé Gaire, vantant les grandes prairies canadiennes, ne peut
que le séduire.
La
réalisation de son rêve ne se fera pas sans difficultés.
Mais sa persévérance aura raison de tous les obstacles. En 1908,
la paroisse Notre-Dame d'Auvergne est fondée ; en 1914, le nouveau
village, déplacé à cause de la ligne de chemin de fer,
porte le nom de son ancienne paroisse auvergnate: Ponteix. En 1913, des religieuses
de l'ordre de Notre-Dame étaient venues ouvrir un couvent à
Ponteix. Le charisme de l'abbé Royer aura attiré un grand nombre
de colons francophones dans toute la région où se fondèrent
de nombreuses villes.
Il mourra en 1922 près de ses paroissiens aux multiples origines. Son
souvenir a marqué ses contemporains, et aujourd'hui encore, on ne peut
parler de Ponteix en Saskatchewan sans faire référence à
l'abbé Royer et à son uvre.
Le Centre Culturel ROYER de Ponteix est le siège social de l'Association
" Les Auvergnois ". Cette association regroupe des francophones
et francophiles de la région de Ponteix au Canada. Elle a pour but
de promouvoir la culture française (tourisme, économie, culture
et éducation) et de sauvegarder l'histoire et l'origine de Ponteix.
Ses membres font parties des " Fransaskois ", terme dont l'origine
fut trouvée, par hasard, sur l'Internet :
"
Ce n'est que depuis 1970 que les francophones de la Saskatchewan ont adopté
le nom "Fransaskois" pour s'identifier comme groupe linguistique
de langue officielle.
En fait, les Fransaskois sont d'origines diverses. La plupart trouvent leurs
racines en Nouvelle-France et dans la vallée du Saint-Laurent. Les
chemins qui ont mené ces gens à la Saskatchewan ont parfois
été longs et compliqués mais la plupart des familles
ont participé aux projets de colonisation menés par le clergé
franco-canadien et québécois au début du 20ème
siècle.
Les Fransaskois sont essentiellement un groupe linguistique qui possède
une origine culturelle variée. Européens (Français, Suisse,
Belge) Franco-américain et Québécois. A ceux-ci nous
pouvons ajouter les Libanais, Vietnamiens, HaÏtiens etc., qui habitent
la Saskatchewan.
La majorité des Fransaskois sont en Saskatchewan depuis les années
1910-1920. En fait les 60 villages et communautés fransaskoises se
sont établis aux début du 20e siècle. Cependant depuis
la deuxième guerre mondiale de nouveaux immigrants de langue française
viennent renforcer les rangs de la communauté fransaskoise. Ils s'installent
surtout dans les villes, parmi eux plusieurs uvrent pour les associations
francophones et la fonction publique fédérale, d'autres s'impliquent
directement dans le bénévolat local.
Beaucoup de Fransaskois se considèrent encore aujourd'hui des Canadiens-français,
le terme Fransaskois étant encore relativement nouveau. D'autres préfèrent
se dire Franco-canadiens, ce terme est plus global et inclut tous les parlants
français de naissances. Lorsque l'ACFC se dote de son nom en 1918 les
fondateurs utilisent le terme "franco-canadien" pour identifier
la clientèle de l'association.
Le terme Fransaskois est un nom que les gens adoptent de façon individuelle
dépendant du degré d'importance qu'ils accordent à la
langue française dans leur vie personnelle tout comme l'implication
qu'ils donnent à la vie socio-politique et socio-culturelle en français
en Saskatchewan.
Cependant, nous considérons que les francophones de langue maternelle
en Saskatchewan identifiés lors des recensements du Canada (2,3% de
la population totale), sont des Fransaskois ".
À l'aube du XXIème siècle, Ponteix en Saskatchewan
est une ville dont l'activité principale repose toujours sur l'agriculture.
On y trouve de vastes exploitations de plus de 200 hectares chacune. Pour
faire face aux difficultés commerciales, les fermiers tentent de se
diversifier en s'orientant vers l'élevage (autruches, faisans). Mais,
contrairement à la plupart de leurs homologues français, les
" ranchers ", comme on les appelle là-bas, participent à
la vie citadine, dès que leur journée est terminée. On
peut ainsi les rencontrer dans les restaurants, à la piscine ou au
golf.
Cependant,
Ponteix reste un village avec ses quelque 600 habitants. Son isolement au
milieu de vastes surfaces destinées à la culture céréalière,
qui semblent se prolonger au-delà de l'horizon, l'oblige à disposer
de tous les services nécessaires à notre époque. Vous
y trouverez des centres commerciaux, un hôpital, des écoles,
des banques, des restaurants
L'hôtellerie est très développée
: vous pouvez réserver votre chambre d'hôtel de chez vous, via
Internet !
La vie associative y est très riche, et les occasions de faire la fête
sont nombreuses à la belle saison entre juin et novembre. Juillet est
justement l'époque du pèlerinage à Notre-Dame d'Auvergne.
C'est la plus haute église sans piliers de tout le sud-ouest de la
Saskatchewan. Les deux flèches de Notre-Dame d'Auvergne de Ponteix
culminent à plus de 40 mètres de haut et sont visibles à
des kilomètres à la ronde. Ses cloches " Paccard ",
au nombre de quatre, sonnent matin, midi et soir. Elles ont été
fondues en Haute-Savoie, à Annecy le Vieux. Cette église succède
à une autre église, construite à partir de 1914. Un incendie
la détruira, en 1923, peu après le décès de l'abbé
Royer.
C'est de cette église de bois que la piéta, baptisée
Notre-Dame d'Auvergne par l'abbé Royer et ses paroissiens, échappa
aux flammes, grâce au courage d'un jeune homme, Wilfrid Liboiron. C'est
au cours de son troisième voyage en 1908, que l'abbé Royer ramena
la statue en Saskatchewan. C'est à Aubière, où il avait
exercé son vicariat quelque vingt ans plus tôt, que l'abbé
Royer " prit en charge " la piéta que lui offrait le chanoine
Teytard, curé d'Aubière. L'origine de cette statue
est inconnue. On ignore aussi comment elle se trouvait entre les mains du
chanoine Teytard en 1908. Nos amis Canadiens estiment qu'elle date de 1490
; mais elle pourrait dater du XVIème ou XVIIème siècle
seulement. Qu'importe, aujourd'hui, elle est considérée, à
juste titre, comme un trésor.
Notre-Dame
d'Auvergne de Ponteix (Saskatchewan) :
15ème, 16ème ou 17ème siècle ?
Grâce
à l'association " Philadelphia ", dont le siège
est à Aydat, des contacts se sont établis : venue à Aydat
de quelques Canadiens (janvier 1999) ; voyage en Saskatchewan de membres de
" Philadelphia " (été 1999) ; enfin, en mai
2000, voyage des élèves de l'école de Fohet et signature
d'un pacte d'amitié entre les deux municipalités à Ponteix
(Sask.).
Un livre retraçant l'épopée de ces pionniers est actuellement
en préparation, reprenant toute la correspondance de l'abbé
Royer avec sa famille, et illustré de nombreuses photographies.
NOTES
:
(1) - Des paroissiennes recopièrent soigneusement ces feuilletons sur
des cahiers. C'est grâce à ces copies qu'il a été
possible de rééditer " Les drames de la Monne " en
2000, aux éditions du Miroir, Clermont-Ferrand.
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© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière, Extraits de "Racines Aubièroises" n°48 - 2000