Les sociétés
africaines sont basées sur une très forte cohésion familiale.
Cette solidarité dépasse la famille au sens restrictif du terme,
telle qu'on le conçoit chez nous. Les membres âgés ou
en état d'infériorité sont pris en charge par le groupe,
ce qui entraîne une perte d'indépendance pour les jeunes. Ce
qui nous étonne, nous occidentaux du XXIème siècle.
Le culte des ancêtres est le pilier de cette tradition et les membres
d'un même clan se réclament souvent de l'ancêtre commun,
qui est honoré dans tout le groupe et joue un rôle protecteur
et d'intercesseur auprès des dieux.
Il découle de cet état d'esprit que la généalogie
va prendre une importance capitale dans la vie béninoise.
Lorsqu'ils ne possédaient pas l'écriture, la tradition orale
y suppléait et le griot avait pour rôle de raconter les exploits
des ancêtres, de rappeler leurs noms. Ceux qui étaient au service
des puissants du pays ne devaient pas se tromper sous peine de mort, ce qui
leur entretenait la mémoire. Actuellement ces généalogies
sont écrites.
Dahomey
: le ventre de Dan
Le Bénin était appelé Dahomey au temps de la colonisation.
Il comprend plusieurs royaumes, dont le principal est celui d'Abomey.
Suivant la légende, le nom de Dahomey vient d'une rivalité entre
le roi Houegbadja et un voisin hostile, nommé Dan. Houegbadja lui demanda
une parcelle de terre, pensant le châtier en cas de refus. Dan accepta.
Le fils de Houegbadja, Houessou, construisit, sur cette terre, de nombreuses
cases et redemanda de la terre. Dan lui tend un piège, mais Houessou
est averti du traquenard par les tam-tams.
Houessou revient lui demander la terre et Dan lui demande s'il veut construire
dans son ventre. Houessou tue Dan et enfonce dans son ventre le pieu qui doit
supporter sa case. Cette maison devient Dan Homé (ventre de Dan).
Dans le royaume d'Abomey s'est développé l'art des tissus appliqués,
une sorte de patchwork, retraçant, avec des couleurs vives, des motifs
inspirés
de la tradition orale, en particulier des noms des rois ou de leurs symboles.
Les
rois d'Abomey
Le panneau ci-contre (ramené d'un voyage au Bénin en août
2001) représente les rois d'Abomey qui se sont succédés,
de 1600 environ jusqu'à 1900, à Abomey. C'est un véritable
arbre généalogique.
Ce royaume a rayonné sur tout le Bénin à l'époque
où s'amplifiait la main-mise des Européens sur l'Afrique : Portugais,
Anglais, Français, tantôt négociant avec eux, tantôt
s'opposant à leur emprise. Parmi ces rois, le roi Gbehanzin, dernier
bastion contre l'occupation française, fut battu en 1894. Il mourut
en 1906, en exil à Alger.
La lecture de ce panneau se fait de haut en bas.
Voici les noms
des rois, les symboles et les devises représentés :
Images
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Rois
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Règnes
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Symboles
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Devises
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Gangnihessou
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1600-
?
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Oiseau, tambour | Je suis l'oiseau le plus gros et le tambour le plus sonore. On ne peut empêcher l'oiseau de chanter ni le tambour de résonner. |
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Dako
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1620-1645
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Jarre, massue de guerre | Dako tue Konou aussi facilement qu'il brise une jarre d'indigo.(Konou était un marchand d'indigo) |
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Houebadja Frère du précédent |
1645-1685
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Poisson, nasse, houe en forme de massue | Le poisson qui a échappé à la nasse n'y retourne pas. |
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Akaba Fils du précédent |
1685-1708
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Phacochère, sabre ou caméléon | Quand le phacochère regarde vers le ciel, il se fait égorger. Lentement, doucement, le caméléon atteint la cime du fromager. |
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Agaja Frère du précédent |
1708-1732
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Caravelle | Personne ne peut mettre le feu à un grand arbre abattu avec toutes ses branches, il faut d'abord le couper. |
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Tegbessou Fils du précédent |
1732-1774
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Buffle portant une tunique | Rien ne peut forcer le buffle à retirer sa tunique. |
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Kpingla Fils du précédent |
1774-1789
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Oiseau et fusil | L'oiseau agité attaque les autres oiseaux. |
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Agonglo Fils du précédent |
1789-1797
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Ananas | La foudre frappe le palmier, mais jamais l'ananas qui est près du sol. |
Non représenté. Usurpateur, il ne figure plus sur la liste officielle de la dynastie. |
Adandozan Fils du précédent |
1797-1818
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Grand parasol | Le roi fait de l'ombre à ses ennemis. |
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Ghezo Frère du précédent |
1818-1858
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Jarre trouée (voir photo ci-dessous) ou buffle | Si chacun de vous, fils de cette nation, peut boucher un trou avec son doigt, la jarre retiendra l'eau.ou Le buffle puissant traverse le pays et rien ne peut l'arrêter ou s'opposer à lui. |
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Glele Fils du précédent |
1858-1889
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Lion | Le lionceau sème la terreur parmi ses ennemis dès que ses dents ont poussé. |
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Gbehanzin Fils du précédent |
1889-1894
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uf ; requin | Le monde tient l'uf que désire la terre.ou Je suis un requin. Je n'abandonnerai pas un pouce de mon royaume. |
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Agoli-Agbo Frère du précédent |
1894-1900
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Pied trébuchant contre un rocher ; balai ; arc | Prenez garde ! la dynastie des rois du Dan-Homé a trébuché mais n'est pas tombée.ou Le roi est comme un balai qui repousse ses ennemis. |
GÉNÉALOGIE
D'AFRIQUE : LE BÉNIN
(1600-1900)
Les rois des différentes régions ne faisaient pas dans la dentelle. Ils étaient assez belliqueux, entre eux et envers leurs voisins. Les prisonniers ont souvent servis de monnaie d'échange avec les Portugais (toujours demandeurs d'esclaves), qui leur fournissaient des armes et autres marchandises Ils pratiquaient volontiers une politique d'expansion.
Les
rois de Savé
Le Bénin est une république ; mais curieusement cela ne les
empêche pas d'avoir des rois héréditaires, légitimes,
descendants des chefs des royaumes disparus lors de la colonisation.
Ils n'ont pas de pouvoir officiel, mais ils gardent un ascendant moral et
social important sur la population. Ils maintiennent les traditions et essaient
de démêler les litiges qui peuvent surgir entre leurs concitoyens.
La petite ville de Savé, située au centre du Bénin, à
une centaine de kilomètres au nord de Cotonou, était la capitale
d'un royaume Marouba. Elle possède un roi, auquel il ne faut pas manquer
de rendre hommage. On pénètre donc dans le palais royal, qui
se distingue des autres maisons par des pièces plus vastes, avec une
galerie couverte où sont alignés des sièges au-dessus
desquels le rang des occupants est nettement déterminé : le
roi (ou Oba), les ministres, les notables, les princes, les épouses
Pour rendre hommage au oba, les membres présents de la cour du roi
étant assis à leur place respective, il faut quitter ses chaussures
et s'incliner respectueusement devant chacun d'eux. Cette formalité
accomplie, ils répondent courtoisement à toutes les questions
qui leur sont posées, concernant leurs rôles, les secrets de
leur cité
Vous êtes avertis, par exemple, de l'existence,
dans la colline proche, de grottes où vous ne devez pas pénétrer
car les abeilles qui les habitent ne connaissent que le dialecte local et
chassent impitoyablement toute personne parlant une autre langue.
Bien que mulsulmans, les rois de Savé restent, comme tous les béninois,
profondément imprégnés de la religion Vaudou, de ses
sortilèges et de ses mystérieux pouvoirs.
Le roi étant absent, le prince et le père du roi nous ont reçu.
On nous a montré fièrement, dans la salle du trône, la
succession de tous les rois de Savé depuis 1781. Il ne s'agit pas à
proprement parler d'un arbre généalogique, puisque ici deux
familles occupent la fonction, en alternance, et le roi est issu tantôt
de l'une, tantôt de l'autre.
Voici la liste des rois (les oba) qui se sont succédés depuis
1781 : OBA OLA-OOBE (1781-1792) - OBA OLA-AIMONA (1792-1800) - OBA AKINKANJU
(1800-1818) - OBA OTEEWA (1818-1878) - OBA ALAMU ATUNLUTE (1878-1888) - OBA
AKANMU JIWA (1888-1925) - OBA ADEBEBOYE (1926-1933) - OBA ADEYEMI (1933-1945)
- OBA ADEMOYEGUN (1946-1963) - OBA ADEGERI OLU (1964-1968) - OBA ADELUYI (1970-1975)
- OBA ADELEKE (1976-
)
© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière - Souvenirs d'un voyage au Bénin - M.J.Chapeau - 2001
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