Présenter l'histoire d'un village en quelques paragraphes est chose difficile. Ce texte a pour but de vous ouvrir des portes vers les faits qui ont ponctué l'histoire officielle, sans oublier les traces de vie anciennes qui attestent l'existence de populations sur le territoire que nous avons choisi : la commune actuelle d'Aubière.
Blottie au creux de la vallée de l'Artière, Aubière tire son nom du terme Alberia, lieu humide planté de peupliers. L'eau va en effet baigner l'histoire d'Aubière. Mais les Aubiérois, comme nous le verrons par ailleurs, sauront contourner cet obstacle pour faire de la culture de la vigne leur principale activité
Au
temps de la Préhistoire
Les premiers signes de vie à Aubière (outillages divers) apparaissent
au Magdalénien final, aux alentours de 10.000 ans avant Jésus-Christ.
On imagine très bien sur les rives du lac-marécage de Sarliève
des habitats sur pilotis... Des cabanes en pierres sèches seront reconnues
plus tard, au Néolithique moyen. Trouvées également sur
le territoire d'Aubière, des pointes de lances de l'âge du Bronze
témoignent que cette partie de la vallée de l'Artière
jusque vers ce que l'on appellera le lac de Sarliève a accueilli des
populations depuis des époques fort reculées.
Les
premiers siècles de notre ère
Servant de trait-d'union entre la préhistoire et notre ère,
le menhir des Sauzes
et l'établissement gallo-romain, situé dans le secteur de l'église
actuelle, nous permettent de rebondir jusqu'à l'époque mérovingienne.
La présence de sépultures en coffre de pierre, avec des vases,
à quelques mètres au Nord de l'église d'Aubière,
pourrait laisser penser à l'existence d'une église dès
l'époque mérovingienne.
C'est en mai 1991 que fut découverte la nécropole
du Mirondet, lors de travaux de voirie à Aubière.
Le
Moyen-âge
Nous arrivons ainsi au Xème siècle, date à laquelle des
chartes nous signalent les premiers échos de la seigneurie d'Aubière.
Amblard, comptor d'APCHON,
en était le seigneur dès 998. Meurtrier, violent, irascible,
de mauvaise foi, il était surnommé " le Mal-Hivernat ".
La seigneurie d'Aubière passera à la famille Dalmas au XIIIème
siècle.
Un document de 1357,
nous donne une "photographie" de la population aubièroise.
En ces temps-là, Aubière était une bourgade resserrée
entre le château et
les remparts entourés
de fossés, comme le montre le dessin, tiré de l'Armorial de
Guillaume Revel, chargé par le Duc d'Auvergne, Jean de Bourbon, de
représenter tous les fiefs d'Auvergne lui appartenant au XVème
siècle.
Anne (ou Annet) Dalmas est alors seigneur d'Aubière. Sans héritier
mâle, il laisse le fief à sa fille, Gabrielle Dalmas, qui apporte
la seigneurie à Charles de Montmorin, en l'épousant en 1488.
La
baronnie d'Aubière file
en quenouille
C'est leur petite-fille, Claude de Montmorin, qui apporte Aubière à
la famille Jarrie : mariage en 1542 avec Gilbert 1er de Jarrie. Pour la troisième
fois, la seigneurie aboutit dans les mains d'une " dame d'Aubière
" : Gilbert II de Jarrie, qui ne peut léguer le fief à
sa fille, Ysabeau de Jarrie
d'Aubière, laisse la baronnie à ses frères et surs.
Gilberte de la Rochebriant (1620 ?-1693) reconstitue la seigneurie dispersée.
Son fils, Gaspard de Montagnac acheta, à Jean de Strada, le quart de
la seigneurie d'Aubière, dont il possédait le surplus ; il rendit
foi et hommage au roi pour Aubière en 1684. Il meurt en 1693 sans postérité.
La baronnie d'Aubière fut alors laissée par sentence arbitrale
du 26 février 1693 à Gilbert de Mâcon, seigneur du Cheix,
en paiement des créances qu'il avait reçu sur la succession.
Il rendit foi et hommage au roi en 1700, pour la terre d'Aubière. Son
fils, Jean-François, comte du Cheix, vendit la baronnie d'Aubière,
le 20 juin 1718, à Guillaume André, conseiller au présidial
de Clermont. Son petit-fils, Pierre
André d'Aubière fut le dernier seigneur d'Aubière.
Condamné à mort par la Commission révolutionnaire de
Lyon, il fut mitraillé aux Brotteaux, le 29 pluviôse an II -
17/02/1794. (voir la
plaidoirie de son épouse, Anne Favard)
La
Cave à Madame
Pierre André avait fait reconstruire le château, complètement
ruiné au début du XVIIIème siècle, en une immense
maison bourgeoise, devenue Mairie. Ses descendants, la famille de Provenchères,
vendirent ce bâtiment à la Commune d'Aubière en 1868,
et s'installèrent dans une maison située à côté
des granges, du cuvage et de la cave -la fameuse Cave à Madame-
au milieu de leurs vignes.
Il est probable que le terme de Cave à Madame vient de ce que la seigneurie
d'Aubière, trois fois au cours de son histoire, eut une héritière
qui devint Dame d'Aubière, et transmit la baronnie à
ses descendants, par son mariage. Qui fut la " Dame d'Aubière
" qui donna son nom à la " Cave à Madame ? Claude
de Montmorin, Gilberte de Jarrie ou Gilberte de la Rochebriant ? On penche
plutôt pour cette dernière qui eut une forte personnalité,
puisqu'elle dut racheter une partie du fief d'Aubière au XVIIème
siècle, terre préalablement vendue par ses frères et
surs. Cette cave est devenue depuis le Musée de la Vigne et du
Vin de Basse-Auvergne.
Derniers
vestiges
Il ne reste pas beaucoup de vestiges de cette époque, si on excepte
la Tour du Rossignol, quelques pans de murs, un passage sous les remparts
: le " trou de l'homme ", et quelques pierres dimaires, parfois
réemployées dans des constructions anciennes. Seule reste en
place la Pierre
Piquée, située aux confins des communes de Romagnat,
Beaumont et Aubière.
A signaler aussi, la Croix Saint-Antoine, belle croix en basalte, offerte
en 1737 par Antoine Janon, consul, et son épouse Antoinette Arnaud.
Elle est située à l'extérieur des anciens remparts, face
aux constructions élevées alors sur les anciens fossés.
(voir la Croix Saint-Antoine)
Ce passé médiéval se retrouve encore dans les maisons
des vignerons, à l'intérieur des remparts, avec le cuvage au
rez-de-chaussée, l'escalier extérieur, très raide, permettant
d'accéder à une pièce commune au premier étage,
un escalier intérieur desservant le deuxième étage et
le grenier. Les remparts ne permettaient pas l'accès direct à
l'extérieur du bourg, sauf par quelques portes,
aujourd'hui détruites, si bien qu'un système d'impasses, encore
existantes près de la Place des Ramacles, desservaient les habitations.
Moulins,
puits et fontaines
Aubière est situé dans une vallée et les fossés
du château, alimentés par l'Artière, maintenaient une
nappe phréatique proche de la surface du sol ; c'est la raison pour
laquelle les maisons du centre d'Aubière ne possédaient pas
de cave. Elles étaient
alimentées en eau par des puits,
quelques-uns publics, mais beaucoup situés dans les cuvages ou les
cours.
La Place des Ramacles a longtemps conservé une partie de ses fossés
longeant les maisons avant d'aller un peu plus loin actionner un moulin
aujourd'hui disparu. Ce bief est demeuré en place jusqu'après
la guerre de 1914.
Au début du XIXème siècle les riverains ont fini par
obtenir, après maints procès, la permission de faire des ponts
enjambant ce bief, pour sortir de chez eux directement sur la place. Ces ponts
donnaient un certain cachet à cette place. Il y avait même des
lavoirs, sous les ponts. Le
bief se tarit et les ponts disparurent un par un. Il en reste encore trois,
qui paraissent bien incongrus.
Sur la place des Ramacles, on peut voir aussi une fontaine moderne, offerte
par un officier américain qui était cantonné à
Aubière en 1918, le major Knox. Celui-ci offrit cette fontaine aux
Aubièrois parce qu'il gardait un très bon souvenir de l'accueil
qu'ils réservèrent aux Américains, en expliquant : "
Lorsque nous avions soif et que nous demandions de l'eau aux Aubièrois,
ceux-ci répondaient : Mais vous n'y pensez pas, ici nous n'offrons
que du vin ! C'est pour cela que je leur offre une fontaine. "
L'église
L'Armorial de Guillaume Revel nous montre une église à
clocher à peigne. Cette église du XIIème siècle
fut totalement remaniée vers 1850 et coiffée d'un clocher avec
une flèche. Celle-ci s'écroula en 1876. Elle fut rebâtie
et de nouveau détruite par la foudre en 1948.
La
Halle
Dans la partie de la rue du 4-septembre, la plus proche de l'église,
se tenait la Halle,
démolie peu avant 1940. Cette halle ne servait pas seulement de lieu
de marché, mais était l'endroit où les journaliers se
tenaient le matin de bonne heure. Les vignerons venaient les embaucher avant
de les envoyer dans leurs vignes. La halle, dont une carte postale nous montre
la configuration, a été reprise par le peintre Slobo pour la
fresque
murale située sur le mur qui jouxte l'église.
© Cercle Généalogique et Historique d'Aubière 2001